UNE BIERE POUR MON CHEVAL… OU « MARINE STOCK-MEN »

 

PROLOGUE


Dix-huit cow-boys virils et deux charmantes demoiselles se sont lancés le 10 février dans une aventure qui ne garantissait pas un retour certain. Les cinq heures de route qui nous séparaient de KONE furent avalées presque aussi rapidement que l’eau contenue dans les gourdes (le sauna sur roulettes mis à notre disposition par le roulage est une excellente thérapeutique pour ceux qui désirent garder la ligne).


CHAPITRE I : LE RODEO DE KONE


C’est là que j’ai présenté au groupe Patrick ARDIMANI, champion de rodéo de Nouvelle Calédonie, dresseur de chevaux et, à l’occasion, guide pour les traversées de la chaîne à cheval. Le premier campement situé dans le ranch de Patrick nous a fait penser que la traversée de la chaîne se ferait plutôt à dos de moustiques, l’élevage de cette bestiole qu’entretient le rodéo de KONE, est certainement l’un des plus grands de Calédonie et la nuit entière ne nous a pas suffit pour recenser tout le cheptel. Nous avons arrêté de compter les moustiques vers 5 heures du matin avant de prendre notre (dernier) petit-déjeuner dans la civilisation.


CHAPITRE II : LE DEPART


Une petite demi-heure de voiture nous amène à la tribu d’ATEOU où nous attendent les chevaux. Ils sont beaux dans leur enclos et si sauvages ! …
Patrick et Félix, son aide, sellent les chevaux pendant que les plaisanteries fusent du groupe ; le groupe monte à cheval en silence tandis que Patrick et Félix sourient … Le départ est donné calmement. Soudain, le poulain d’ARDIMANI, récemment dressé, s’emballe et là les amis, nous avons assisté à un spectacle superbe ; la lutte du cheval et de son presque maître. C’était super ! « Pourvu que mon cheval ne suive pas, pourvu que mon cheval ne bouge pas », c’est le début de la prière de néo stock-man que nous avons certainement tous récitée en cœur à ce moment-là.


CHAPITRE III : LA TRAVERSEE


Je ne vous raconterai pas en détail le trajet aller que nous avons effectué pour arriver au domaine de Patrick ARDIMANI. Laissons le plaisir de la découverte et de la surprise au futurs cow-boys de la Marine. Néanmoins, je peux vous assurer que vous éprouverez un plaisir immense à mener votre cheval dans les bois et sur les sentiers qui gravissent les collines, ou peut-être, ce sera votre cheval qui vous mènera avec plaisir, ce choix dépendra de vous, il faut être autoritaire. Attention ! ne le traitez pas de « canasson », il comprend tout.


CHAPITRE IV : DEUX JOURS DE BROUSSARDS


Levés avec le soleil, couchés presque avec lui, c'est une vie démente que celle du relais d’… ; Patrick ARDIMANI s'est retrouvé ficelé sur un lit par quelques indiens malveillants, un cheval a traversé le dortoir en pleine nuit, en demandant s'il restait un lit de libre, l'équipe de garde chargée de veiller avec les guitares et les casseroles à ce que personne ne sombre dans un sommeil dangereux, a rempli son contrat au-delà du possible.
Toutes ces émotions creusent l'appétit et dès que le vent faisait remuer une assiette sur l'évier, le galop des affamés surprenait le calme de la nature environnante. Ce qui suivait était tout aussi bouleversant pour un regard extérieur : ils étaient là, l'assiette dans la main, les yeux fixés sur les rails où reposaient les vieilles marmites bourrées de riz, la fourchette prête à agripper un morceau du cochon sauvage qui cuisait paisiblement. Pauvre bête ! Il n'aura même pas eu l'honneur d'être cuit convenablement ; les plus carnassiers de la bande ont donné le départ et la meute s'est élancée ...
Les activités diurnes ont été merveilleusement écologiques : baignades, promenades en rivière, pêche à la carpe avec dégustation sur place, photographies, footing dans la forêt, chansons et jeux (style colonies de vacances, 10 ans de moins assurés).
C'est une ambiance sympathique qui a régné entre nous tous pendant ces 4 jours et les barrières d'âge, de grade ou de provenance se sont effacées pour laisser la place au plaisir et à l'amitié. La nourriture, l'hébergement, le cheval, la nature sont mis à la disposition des prochains groupes à leur charge de créer l'ambiance et la bonne entente.
Les chapitres I - II - III et IV se sont déroulés sous un soleil magnifique.


CHAPITRE V : RETOUR DRAMATIQUEMENT BOUEUX


A la tristesse de quitter les lieux qui nous ont permis de décompresser pendant 4 jours, s'est ajoutée la pluie.
Oh ! C’est pas méchant la pluie, ça mouille les tricots c'est tout. Oui mais, quand cela se passe dans la chaîne, quand les pistes sont remplacées par des chemins boueux, quand les chevaux ne peuvent pas grimper des collines trop glissantes et quand l'humidité pénètre les vêtements, cela devient dur.


L’avertissement est sérieux : une bonne condition physique est nécessaire pour effectuer cette sortie, les plaisirs que vous ressentirez sont sans aucune comparaison avec les petites misères.


Assistant de foyer Richard Bresson


Ndlr : Ce texte, paru dans le bulletin de liaison « Foyers » n°16 – juin 1982, est lui-même extrait de la « PLUME DU CAGOU », mensuel édité par le Foyer de l’U.M. NOUMEA à la même époque.