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SORTIE «SPELEO» DU FOYER U.M. NOUMEA AUX GROTTES D’ADIO

(le 16 août 1980)

 

A l’occasion d’une représentation des Forces Armées à la foire agricole et artistique de BOURAIL, le Foyer de l’Unité Marine de NOUMEA a organisé une sortie camping de quatre jours comprenant diverses activités de loisirs dont une sortie «Spéléo» aux grottes d’Adio près de POYA (250 km de NOUMEA).
Pour sept des neuf participants cette sortie constituait une véritable première. Seul, un quartier-maître de 1ère classe, le guide, possédait une bonne expérience en la matière.



L'APPROCHE


Accéder à ces grottes, c'est tout d'abord accepter de se faire chahuter sur une piste sinueuse de montagne vraiment très mal pavée sur les derniers kilomètres.
Qu'importe ! Si la promenade spéléologique est à l'image du piton rocheux, haut d'une centaine de mètres, au pied duquel émerge l'entrée des grottes, nul ne devrait être déçu. Aussi, c'est avec un empressement non dissimulé que chacun s'équipe pour la descente.



LA DESCENTE


Notre guide muni d'une lampe à acétylène frontale et d'une combinaison plastique donne un caractère sérieux, voire "professionnel" a notre entreprise. Son assurance balaie notre ultime hésitation. Une dernière photo du groupe et c'est le plongeon dans ce labyrinthe de nuit. Dotés de casques légers fournis par la Base, de sacs à dos petit modèle bourrés de matériel photo, de piles de rechange, de gourdes et de cordages, et chaussés de pataugas, sans oublier chacun notre lampe électrique, nous amorçons la progression.
D'abord lente car confrontés au monde inconnu que les yeux ont quelque difficulté à appréhender sous notre maigre éclairage, celle-ci s'accélère peu a peu. Le boyau sinueux est irrégulier, et par endroits la voûte se rappelle au bon souvenir des casques qui encaissent, somme toute, très bien. Le passage se fait bientôt plus large ; l'équipe débouche dans une vaste salle.
Les jets de lumière sondent ses dimensions : 8 mètres de haut, peut-être 10 ; c'est plus qu'il n'en faut pour que chacun s'esclaffe d'admiration. Les parois sont finement décorées de stalactites qui se superposent et s'étalent en une véritable cascade étrangement figée.



LA CATHEDRALE MINERALE PREND VIE


Casques et sacs sont vite posés à terre et avec une frénésie peu dissimulée, les photographes empoignent leurs appareils. Un concert d'ordres et de coups de flash fusent bientôt dans ce décor où chacun estime en amateur ses temps de pause.
L'éclairage aux bougies d'une partie de la paroi accentuant le volume des formes calcaires tout en adoucissant les ombres, s'oppose aux jets violents de lumière lâchés par les flashes.



UN PEU DE TECHNIQUE


Rassasiés de prises de vues et pressés par notre guide, nous reprenons la progression. Un choix s'offre à nous : passer par le réseau actif, ce qui signifie devoir traverser une galerie à moitié noyée, profonde d'1,20 m à 1,50 m, ou bien continuer le réseau fossilisé mais être confrontés à une escalade puis à une descente en rappel sur 7 à 8 mètres. La seconde option est retenue et l'escalade d’une façade de 5 mètres débute. Celle-ci est grandement facilitée par les cordes disposées par notre guide : en quelques tractions de bras l'obstacle est franchi.
Reste la descente en rappel ! tous néophytes dans cette entreprise, c'est avec une pointe d'appréhension qu'à tour de rôle chacun se lance dans le vide non sans lâcher quelques jurons.



LE BAPTEME DE LA BOUE


Enhardis par cette épreuve, la marche saccadée reprend avec entrain et bonne humeur.
Les chevilles sollicitées à tout moment à cause de l'irrégularité du sol tiennent bon. Les resserrements périodiques de la galerie rappellent à l'ordre notre attention un instant détournée par la contemplation de formes calcaires toutes plus étonnantes les unes que les autres.
Cette fois, c'est une véritable "chatière" qui se présente à nous : celle par laquelle le réseau fossilisé rejoint l'actif. Sac à dos en premier, chaque membre se coule péniblement de l'autre côté. Qu'elle n'est pas la surprise de chacun de voir son visage badigeonné copieusement au sortir de la chatière avec de la glaise sauvagement appliquée par notre guide ! le baptême de la boue vous connaissez ?



BAIGNADE FORCEE


A l'occasion du premier passage "humide" profond d'une cinquantaine de centimètres, un chapelet d'exclamations fuse ça et là, tant sur la nécessité de se dévêtir que pour qualifier la température de cette eau. Celle-ci, d'une clarté absolue sous l'éclairage artificiel est partout présente en nappes plus au moins éparses et profondes. Le sol, recouvert de galets et de sable, les parois rocheuses lisses et galbées au gré des méandres laissent supposer l'activité jadis intense des écoulements de ce réseau que seule une pluviométrie exceptionnelle pourrait aujourd'hui réanimer.



LE BUT


Après une succession de cuvettes plus au moins inondées et une marche qui semble n'en plus finir, nous atteignons notre but : une salle où se dressent de véritables orgues minérales géantes aux pieds desquelles reposent de magnifiques vasques emplies d'eau.



ORGUES MINERALES


Ces beautés naturelles modestement mises en valeur par notre éclairage donnent l'impression d'une confrontation troublante de deux mondes opposés par leur espace temps : l'intemporel face à l'instantané.
Tirés de nos réflexions par le cadran de nos montres : bientôt trois heures au fond ! nous nous hâtons de rebrousser chemin ; en effet, plongés dans cette nuit permanente, le temps devient vite une notion subjective.
Le plaisir des yeux rassasié, le retour s'effectuera rapidement.


Pour une premier contact avec ce monde étonnant que sont les grottes d'ADIO, ce fut une réussite. Loin de constituer une fin en soit, cette sortie "Spéléologie" sera le prélude à de nouvelles excursions tant au fond de ces mêmes grottes, que sur d'autres sites calédoniens.


Ndlr : Article paru dans le Bulletin de liaison « Foyers » n°9 – novembre 1980.